La retraite en chantant
Les ébobés avaient, avant la retraite de notre bon docteur Fradin ce 31 mars, deux présidents honoraires (22 euros la consulte).
Loulou, désormais privé de revenus, est déchu du titre. Il devient d'office président d’honneur.
Et il n’est plus question qu’on lui dise 33. Il s’en fout désormais que ça nous gratouille ou ça nous chatouille : Loulou, vénérable médecin bressuirais et néo-retraité frais émoulu, vient de tirer sa révérence.
Contrairement aux pages jaunes, il n’est plus consultable.
Contrairement au 118.218, il n’est plus à la page
Mercredi soir, Loulou a effectué sa dernière consultation, salué en chansons par quelques éminents membres de la Chorale usés par l’âge, la maladie et, surtout, les accidents de la vie.
Puisqu’ils ne pouvaient plus le consulter, ils étaient venus, malgré tout, l’accompagner en lui chantant leurs maux sur l’air de « J’ai la rate qui s’dilate ».
Il pourra maintenant se consacrer à l’expertise et à la course à pied, s’intéresser à son camping-car et à sa Babeth, se passionner pour toutes les activités périphériques qu’il était obligé de faire à la va-vite.
Valse à 33 temps
D’ici à ce qu’on le voit encore plus débordé qu’avant, il n’y a qu’un pas que le bougre serait bien capable de franchir.
Dites 33 !
Il l’a fait dire une dernière fois gracieusement et classieusement, en refusant de faire payer sa dernière patiente, comme il l’avait fait symboliquement pour son premier patient en 1978.
Dites 33 !
Il n’osera plus le demander alors qu’il arrête d’exercer après seulement (la honte pour un toubib !) 32 ans seulement de bons et loyaux services à Bressuire.
Dites 33 !
Malgré le « j’ai la rate qui s’dilate » entonné à tue-tête par ses amis de la chorale, il n’aura pas droit non plus au 33 tours puisque l’œuvre éphémère n’a pas été enregistrée.
Le retraité frais émoulu n’a rien d’un retraité frais et moulu.
Il reste vert sans être vermoulu.
Normal ! Qu’en a-t-il à moudre désormais de cette ritournelle en double trois, de cette valse en 33 temps puisqu’il laisse tomber le caducée.
Sa retraite s’annonce déjà sous les meilleurs auspices, à Beaune comme à Bressuire car il a de la bouteille, le bougre !
Elle sera au moins aussi effervescente et pétillante que les breuvages que le sémillant néo-retraité aime à siroter.
Et après le récital vociférant des choristes éclopés, Loulou ne s’est pas contenté de repartir en chantant.
Il est, comme d’habitude, reparti enchanté.